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Matériaux à changement de phase : absorption et restitution de chaleur efficaces

La récupération de chaleur dans les datacenters s’appuie sur des solutions capables de gérer d’importantes variations thermiques sans gaspillage énergétique. Certaines technologies restent peu exploitées dans ce secteur malgré leur efficacité démontrée dans d’autres industries.

L’intégration de dispositifs permettant d’absorber puis de restituer la chaleur trouve un terrain favorable dans les installations informatiques à forte densité. Des études de cas récentes révèlent une amélioration mesurable de la performance énergétique et une réduction des coûts d’exploitation, tout en limitant l’empreinte environnementale.

Les matériaux à changement de phase : comment fonctionnent-ils et pourquoi suscitent-ils autant d’intérêt ?

Les matériaux à changement de phase (MCP) maîtrisent l’art de la gestion thermique : ils absorbent ou libèrent une grande quantité de chaleur au moment où ils passent de l’état solide à l’état liquide, ou inversement. Cette capacité provient de la chaleur latente : un atout qui permet aux MCP de stocker beaucoup plus d’énergie thermique que les matériaux classiques, à masse équivalente.

Tout repose sur la constante de fusion. Dès que la température atteint le seuil critique, le matériau fond ou se solidifie à température constante, emmagasinant ou relâchant de l’énergie thermique. Ce comportement stabilise la température dans des environnements soumis à des variations marquées et optimise l’inertie thermique des systèmes.

Pour mieux comprendre les différences de performance entre familles de matériaux, voici les principales catégories utilisées :

  • Paraffines : très répandues, elles stockent entre 200 et 250 J/g, même si leur conductivité thermique reste modeste.
  • Sels hydratés : capables d’atteindre jusqu’à 400 J/g, ils sont privilégiés pour le stockage de chaleur à grande capacité.
  • Acides gras : issus de ressources biosourcées, ils se distinguent par une meilleure conductivité que les paraffines.

Certaines familles moins courantes, comme les céramiques (zircone stabilisée, céramiques à base d’alumine), sont adaptées au stockage thermique à haute température grâce à leur solidité. Les eutectiques, quant à eux, sont élaborés pour changer d’état à des températures précises, ce qui multiplie les possibilités d’application.

Cette diversité de transitions de phase alimente des solutions sur mesure : du stockage thermique pour le bâtiment à la régulation fine dans les dispositifs industriels, médicaux ou électroniques. Les MCP s’affirment comme des partenaires fiables pour améliorer la performance énergétique et répondre aux exigences de sobriété.

Régulation thermique et récupération de chaleur dans les datacenters : des solutions innovantes grâce aux PCM

Dans l’univers des datacenters, la question thermique est tout sauf anodine. Les matériaux à changement de phase (PCM) ouvrent de nouvelles perspectives : ils absorbent la chaleur excédentaire exactement lorsque les serveurs produisent le plus d’énergie, c’est-à-dire lors des pics d’activité. Cette capacité d’absorption thermique à température constante assure la stabilité du système et allège la pression sur les dispositifs de refroidissement traditionnels.

Des innovations se distinguent, chacune apportant son lot d’avantages. La technologie Miscibility Gap Alloy permet de stocker l’énergie thermique de façon avancée, favorisant l’intégration d’énergies renouvelables dans les infrastructures numériques. De son côté, le panneau Thermal Core, équipé de cire de paraffine Micronal, restitue la chaleur stockée autour de 23 °C pour maintenir l’équilibre thermique. L’encapsulation et l’utilisation d’additifs stabilisants contribuent à la robustesse et à la longévité des PCM, même soumis à des cycles répétés.

Voici les principaux apports de ces technologies dans les centres de données :

  • Réduction des pics de température : les PCM amortissent les variations et protègent les équipements contre la surchauffe.
  • Optimisation énergétique : la nécessité de climatiser diminue, ce qui allège la facture énergétique.
  • Valorisation de la chaleur fatale : la chaleur captée peut être réinjectée dans d’autres circuits, y compris pour le chauffage urbain.

En adoptant les PCM dans les systèmes de refroidissement, les datacenters tracent un nouveau chemin : plus de sobriété, une gestion thermique affinée et une valorisation intelligente de la chaleur produite. Les réseaux électriques et les installations de climatisation y gagnent une flexibilité et une efficacité sans précédent.

Femme examinant l’isolation à changement de phase sur un mur

Exemples concrets et bénéfices environnementaux : ce que les matériaux à changement de phase apportent vraiment

Dans le bâtiment, l’utilisation des matériaux à changement de phase transforme la gestion de la chaleur. Les bâtiments intelligents s’appuient sur les MCP pour absorber l’excès de chaleur pendant la journée et la restituer la nuit. Résultat : des températures intérieures plus stables et un confort thermique renforcé, sans recours massif à la climatisation ou au chauffage. Cette approche s’étend à l’industrie et au transport, où la capacité de stocker et de restituer la chaleur à la demande améliore le rendement des procédés et limite les pertes énergétiques.

La dynamique de recherche s’intensifie autour des matériaux d’origine naturelle. À l’université Laval, le CIRCERB et FPInnovations développent des panneaux intérieurs en bois intégrant des MCP biosourcés, réduisant ainsi l’empreinte carbone tout en optimisant la performance énergétique. Les acides gras biosourcés, appréciés pour leur conductivité thermique, s’imposent peu à peu dans les projets où efficacité et respect de l’environnement vont de pair.

Ces avancées se traduisent par des bénéfices concrets, notamment :

  • Diminution des besoins en chauffage et climatisation : la consommation d’énergie baisse, tout comme les émissions de CO₂.
  • Soutien aux énergies renouvelables : la chaleur produite par les panneaux solaires peut être stockée puis restituée selon les besoins.
  • Climatisation passive : l’inertie thermique apportée par les MCP permet de mieux s’adapter aux variations saisonnières de température.

Le développement des matériaux à changement de phase dessine un avenir où la gestion thermique s’aligne sur les exigences de la transition énergétique. Un horizon où chaque calorie captée et restituée compte dans la lutte contre le dérèglement climatique.