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Utilisation de l’eau déjà utilisée une fois : différentes applications et méthodes

Un litre d’eau rejeté dans l’environnement contient encore jusqu’à 80 % de son potentiel initial, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé. Pourtant, moins de 5 % des eaux usées sont retraitées puis réutilisées dans le monde. Les réglementations varient fortement selon les pays : certains autorisent l’irrigation agricole avec des eaux traitées, d’autres l’interdisent totalement.

Les techniques de réutilisation s’étendent désormais des usages urbains aux applications industrielles, en passant par la recharge des nappes phréatiques. Le recours à ces procédés implique une maîtrise rigoureuse des traitements, des contrôles sanitaires et une adaptation aux contextes locaux.

Le défi de la raréfaction de l’eau : pourquoi la réutilisation devient incontournable

Difficile de passer à côté : la gestion durable de l’eau s’impose comme une priorité de notre époque. En France, mais aussi à l’échelle internationale, la ressource en eau douce recule sous la pression conjuguée du changement climatique, de l’urbanisation galopante et des pratiques agricoles intensives. Sécheresses à répétition, nappes phréatiques en déclin, qualité de l’eau en danger : chaque indicateur pousse à repenser nos usages. Les pénuries locales d’eau potable ne se limitent plus aux régions arides ; elles se multiplient, forçant à chercher des alternatives.

Face à ce contexte, la réutilisation des eaux usées s’impose comme un véritable levier d’action. Cette démarche s’inscrit dans des engagements internationaux solides : la Directive cadre européenne sur l’eau, l’Objectif de développement durable 6 (ODD6) de l’Agenda 2030, sans oublier des initiatives nationales comme SDG Champions France. L’idée directrice : garantir à chacun une eau de qualité, protéger la biodiversité et réduire la pollution de nos écosystèmes.

Collectivités et industriels se mobilisent. Traiter et valoriser les eaux usées, c’est atténuer la pression sur les ressources naturelles, tout en sécurisant des usages secondaires. Parmi les applications concrètes, on retrouve :

  • l’irrigation,
  • le nettoyage urbain,
  • le refroidissement industriel.

Ce virage implique de revoir l’assainissement, d’intensifier les contrôles sur la qualité de l’eau et de moderniser les infrastructures. Si la France reste encore en retrait par rapport à certains pays pionniers, la dynamique s’accélère, portée par l’urgence du climat et l’exigence d’innover.

Quelles sont les principales méthodes pour donner une seconde vie à l’eau déjà utilisée ?

Redonner une utilité à l’eau passe par des procédés techniques pointus, où traitement, filtration et désinfection se succèdent. Chaque étape vise à obtenir une qualité de l’eau traitée adaptée à son futur emploi, tout en minimisant les risques sanitaires.

Les grandes familles de traitement

Voici les principaux procédés qui transforment les eaux usées en ressources à nouveau utilisables :

  • Traitement biologique : Les micro-organismes dégradent la matière organique restante. C’est la base du traitement des eaux usées dans la plupart des stations d’épuration.
  • Filtration par membrane : Ce procédé retient les particules fines et de nombreux polluants. L’osmose inverse, en particulier, garantit un niveau de purification élevé, très recherché pour le recyclage des eaux usées en contexte industriel ou urbain.
  • Désinfection UV : La lumière ultraviolette neutralise bactéries et virus, sans recours à des produits chimiques. Ce traitement complète souvent la chaîne pour assurer la qualité sanitaire des eaux usées traitées.

Dans l’habitat collectif, l’utilisation des eaux grises, issues des douches, lavabos ou machines à laver, progresse. Après un traitement spécifique, elles servent à alimenter les chasses d’eau ou à arroser les espaces verts. Les eaux usées traitées (REUT) irriguent aujourd’hui des serres maraîchères, des parcs urbains et, sous conditions strictes, certaines cultures agricoles. Les méthodes évoluent vite : la France s’appuie sur un cadre réglementaire précis pour sécuriser l’utilisation de l’eau recyclée et limiter les risques pour l’environnement.

Dans le secteur industriel, le recyclage de l’eau s’étend rapidement. Valoriser les eaux usées industrielles permet de réduire la demande en eau potable tout en limitant la pollution. Les collectivités, elles aussi, modernisent leurs réseaux pour exploiter ces ressources, avec une surveillance accrue de la qualité de l’eau recyclée à chaque étape du processus.

Jeune homme inspectant un systeme de recyclage d

Des solutions concrètes pour intégrer la réutilisation de l’eau au quotidien et dans les collectivités

La réutilisation de l’eau s’invite autant dans la vie de tous les jours que dans les stratégies publiques. En ville, récupérer les eaux grises des douches ou des lavabos, c’est déjà possible : elles alimentent les chasses d’eau ou servent à arroser les jardins partagés. Des solutions techniques, parfois invisibles mais redoutablement efficaces, se généralisent dans les immeubles, par exemple :

  • des systèmes de filtration compacts,
  • des cuves de stockage adaptées,
  • des dispositifs de suivi de la qualité de l’eau recyclée.

L’objectif : garantir une eau adaptée à chaque usage, sans sacrifier la sécurité sanitaire, et alléger la pression sur les réseaux d’eau potable.

Les collectivités françaises ne restent pas à l’écart. Plusieurs grandes villes testent la valorisation des eaux usées traitées pour arroser les espaces verts, nettoyer la voirie ou revitaliser des zones humides. Les coopérations avec le Partenariat Français pour l’Eau (PFE) et la dynamique Water4allSDGs encouragent le partage d’expériences, la diffusion de bonnes pratiques et la montée en compétence des équipes locales.

Dans l’industrie, la réutilisation des eaux usées industrielles s’impose dans les processus de refroidissement ou de lavage des équipements. Des sites pilotes, appuyés par la Convention de Ramsar, montrent que l’économie circulaire de l’eau fonctionne, même dans des secteurs soumis à des contraintes réglementaires strictes.

Ces initiatives, qu’elles soient à l’état de test ou déjà bien rodées, redessinent le paysage hydrique français. L’utilisation des eaux usées s’intègre peu à peu dans les usages urbains et domestiques, signe d’une adaptation déterminée face aux défis du climat et d’une ambition renouvelée pour préserver chaque goutte.